On entend tout et son contraire. La communauté scientifique considère souvent la détox comme une idée saugrenue. Et elle fait souvent référence au foie seul, qui parmi ses centaines de fonctions métaboliques, a pour but la dégradation de substances toxiques (détoxification ou détoxination). En soi, leur vision est compréhensible, puisque le foie effectue déjà ce travail au quotidien. Il n’est donc pas nécessaire d’ajouter multiples concepts marketing à la mode, pour ce processus naturel.
La naturopathie considère la détoxination, ou ce que j’aime plutôt appeler l’optimisation du support des émonctoires, comme le soutien de tous les organes permettant l’élimination de substances toxiques :
- Foie
- Poumons
- Reins
- Intestins
- Peau
- Lymphe
- Utérus
Ces organes travaillent naturellement tous les jours à éliminer le plus de toxines possibles du corps, sans travail supplémentaire de notre part.
Toutefois, le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus pollué. Les sols sont moins riches en nutriments ce qui réduit l’apport nutritionnel de nos aliments, et augmente à l‘inverse nos besoins en apports nutritionnels recommandés par la santé publique. Les pesticides, la pollution atmosphérique et les perturbateurs endocriniens s’invitent dans nos maisons (cosmétiques, lessive, dentifrice), l’alcool et le tabac quotidien, sans compter l’augmentation de la prise médicamenteuse par une population de plus en plus jeune. Tous ces facteurs alourdissent la charge d’élimination des organes, qui à côté se doivent de continuer leurs autres fonctions métaboliques, pour que l’organisme fonctionne tant bien que mal. On peut donc parler d’intoxication graduelle.
Le support des émonctoires ne devrait plus donc être considéré aujourd’hui comme une cure ponctuelle, deux fois dans l’année après les fêtes. Elle doit s’inscrire au quotidien pour permettre l’évacuation de tous déchets métaboliques et s’éviter ainsi troubles, malaises ou génération de futures maladies. La détox selon la vision naturopathique a donc pour but ici d’aider à l’élimination des surcharges émonctorielles pour que les organes continuent d’effectuer leurs tâches métaboliques à leur plein potentiel.
Le foie, un allié à chouchouter
C’est un organe multifonctionnel, et souvent préféré pour la détox puisqu’il va biotransformer et inactiver les pesticides, médicaments, drogues, ou hormones. Mais c’est aussi l’organe qui forme la bile pour la digestion des graisses, qui excrète la bilirubine (pigment issu de la dégradation des globules rouges), ou démontre un rôle immunitaire via la phagocytose effectuée par les cellules de Kupffer (cellules hépatiques). Le foie agit sur le métabolisme des lipides, glucides et protéines ou encore sur le stockage des vitamines A, D, E, K, B12 ainsi que le fer et le cuivre. Le foie participe aussi à la synthèse de la vitamine D avec la peau et les reins. Et ce ne sont que quelques exemples.
La biotransformation des molécules toxiques passe au travers de 3 étapes et nécessite de nombreux nutriments et dérivés, pour effectuer leurs changements en métabolites hydrosolubles et les éliminer dans l’urine et les selles.
La Phase 1 : Réactionnel
Via une famille d’enzymes hépatiques (CYP450), la phase 1 consiste à utiliser l’oxygène pour modifier les toxines à partir de leur état d’origine, ce qui produit une forte production de radicaux libres. Ces composés toxiques deviennent plus réactifs, volatiles et dommageables pour l’organisme. Mais cette étape est cruciale pour les préparer à la conjugaison (conversion hydrosoluble) via l’oxydation (oxygène). Ce processus favorise la conversion des pro-cancérogènes environnementaux en intermédiaires réactifs, mais ayant toujours un effet cancérogène en raison de la volatilité de la phase 1.
La Phase 2 : Conjugaison
Les substrats rendus volatils par la phase 1 sont ensuite uni avec un agent conjuguant provenant du métabolisme physiologique. Le produit ainsi formé, appelé conjugué, est inactif et rendu hydrosolubles. Il est donc prêt à l’élimination.
La Phase 3 : Transportation
Elle implique le transport des substances désormais inertes. Il peut s’agir du passage des barrières cellulaires dans le foie vers la bile pour l’élimination dans les selles. De même, les substances conjuguées inertes traversent la barrière hémato-encéphalique ou les métabolites sont éliminés du sang dans les reins et l’intestin grêle.
Je ne recommande pas de se lancer seul(e) dans une détox du foie, cela doit être individualisé car cela dépend du métabolisme, de la vitalité, de l’énergie, de l’état de santé, de l’âge de chacun… Un accompagnement vous permettra d’être plus serein dans cette démarche.
Alors la détoxination, ça se passe comment ?
Tout dépend de quel organe on parle. L’organe principal reste le foie bien évidemment et beaucoup de produits sont labellisés détox pour cet organe seul. Faites attention car certains produits fonctionnent certes mais d’autres sont une perte sèche monétaire, sans réel intérêt. De plus, les compléments ne sont pas inoffensifs.
Lorsque l’on supporte les émonctoires, il est temps de se séparer des habitudes, aliments, substances qui surcharge nos organes. Le but étant de limiter l’accumulation toxinique des émonctoires et laisser la place au support naturopathique pour éliminer ce qui aurait dû l’être depuis longtemps. On ne stimule pas tous les organes en même temps. L’organe ciblé aura besoin de beaucoup d’énergie et si ce n’est pas le cas, la détoxination remettra les déchets en circulation sans les éliminer proprement.
Lorsque vous êtes épuisés, vous manquez de nutriments essentiels au bon fonctionnement de votre organisme et donc vos organes en manque tout autant. Il est donc important de les nourrir pour optimiser le support des émonctoires avant d’entamer la détoxination. Une consultation en naturopathie vous permettra de savoir comment et quand vous engager dans cette voie.
Comment soutenir sa détox naturelle au quotidien?
Au quotidien, pour limiter l’accumulations de toxines, de nombreuses astuces peuvent déjà être mise en place :
- Arrêter de fumer
- Boire de l’eau pour favoriser l’élimination rénale
- Alléger la digestion en réduisant les glucides, les sucres, les viandes rouges, les produits laitiers.
- Réduire fortement voir supprimer l’alcool qui affaiblit le foie par ses efforts d’élimination.
- Favoriser les aliments qui contiennent des nutriments pour le fonctionnement du foie. Les aliments qui influencent la conjugaison de la phase 2 par exemple sont le chou frisé, les légumes crucifères, les oignons, le céleri, l’ail… et régulent à la hausse les enzymes impliquées.
- Intégrer tous les légumes verts (épinards, poireaux, asperges, brocoli, mâche…) en jus comme dans l’alimentation.
- Manger plus de fibres pour éviter la constipation et éliminer ainsi les toxines journalières par les selles. Un bon transit évite de réabsorber les toxines.
- Réduire la prise d’AINS (consulter votre médecin).
- Offrez- vous un moment au spa pour transpirer dans votre sauna ou hammam préféré.
- Mettez-vous au sport pour permettre un meilleur transit, l’oxygénation et élimination du CO2 via les poumons, tout en favorisant la transpiration.
- Découvrez les bains dérivatifs.
- Pratiquez des exercices de respiration.
- Faites-vous masser régulièrement (drainage lymphatique).
- Pensez à brosser à sec votre peau régulièrement.
- Réduire l’exposition aux toxines environnementales (cosmétiques, serviettes hygiéniques, produits ménagers, lessive, adoucissant, fragrance synthétique de parfum, colorants, l’eau non filtré de la douche…).
- Prenez soin de vous : choisissez quelques conseils pour ralentir l’exposition aux toxines environnementales afin de supporter le bon fonctionnement de vos organes
Et si vous désirez vous lancer sur le chemin de la détox, ne commencez pas seul(e) et faites vous accompagner par un naturopathe.
Delphine KUBICA, N.D.