Qui n’a jamais expérimenté la douleur? Pourquoi a-t-on mal? En quoi la douleur chronique se distingue de la douleur aigue? La tolérance a la douleur est unique pour chaque personne mais des composantes généralistes sont inhérentes à la douleur et s’appliquent à nous tous. Découvrons-en plus.
Comment fonctionne la douleur ?
La douleur est un mécanisme d’alerte qui a pour but la protection de l’organisme la ressentant. On peut la définir comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à des lésions tissulaires réelles ou potentielles, ou décrites en des termes évoquant de telles lésions ».
On pense ici à toutes les agressions de l’organisme (traumatisme, infection, inflammation, maladie…) qui touchent les tissus et réveillent alors les récepteurs sensibles à la douleur (nocicepteurs) pour donner l’alerte au cerveau en provoquant un message douloureux (douleurs par excès de nociception). Mais aussi les douleurs neurogènes dues à des lésions du système nerveux en amont des nocicepteurs périphériques, que ce soit au niveau système nerveux périphérique ou central. Et enfin, les douleurs psychogènes sans lésions apparentes, malgré un bilan médical approfondi. La douleur n’est donc pas toujours associée aux lésions tissulaires.
Mais en soi le corps est bien fait, puisque ce message douloureux, dépendamment de comment il a été généré, a pour but d’arrêter la situation nocive pour l’organisme.
L’alerte de cette douleur se déclenche en fonction de la connaissance, du ressenti passé et de la tolérance de la douleur que le cerveau en fait. En effet, face à un même stimulus douloureux de même intensité, deux personnes peuvent réagir de manières très différentes. La perception de la douleur dépend de la personne en elle-même. Le ressenti de celle-ci peut être nuancé en fonction de son passé, de sa résistance ou encore en fonction de son caractère (ex : un mal de gorge pour un enfant sera ressenti et toléré différemment que par l’adulte, même s’il s’agit du même virus). Selon le niveau individuel de chacun, le cerveau agira en fonction du niveau d’alerte qu’il associera à la situation (à savoir le combat, la fuite, ou l’immobilité).
De quoi se compose la douleur ?
Elle se caractérise par 4 constituants:
- La composante sensorielle : la description physique de la douleur que l’on ressent. En termes de qualité, durée, intensité, localisation
- La composante émotionnelle : de part son intensité, sa durée et ses répercussions sur les activités quotidiennes, les douleurs chroniques peuvent entraîner un changement d’humeur ou de caractère, avec survenue d’anxiété ou d’un état dépressif. Elle exprime l’affect que la personne associe à sa douleur et le retentissement sur son affectivité et son humeur.
- La composante cognitiveà savoir la façon dont on interprète la cause de la douleur et l’attitude vis-à-vis de celle-ci. Comme la capacité à s’extraire de la douleur ou pas, la capacité a la gérer, les idées, croyances, ou causes que l’on attribue à la douleur. L’ensemble des processus mentaux susceptibles d’influencer l’expression de la douleur et la place qu’elle peut prendre dans la vie de chacun,
- La composante comportementaleexprimeles répercussions de la douleur sur le comportement (réactions de l’entourage familial, social ou professionnel qui peuvent avoir un impact sur le comportement et contribuer à son entretien). Les réactions positives ou négatives de l’entourage peuvent venir soulager ou au contraire créer une réaction de rejet et renforcer la douleur.
Et la douleur chronique dans tout ça ?
La douleur chronique persiste au-delà de 3-6 mois voire des années. Elle est souvent résistante aux traitements usuels.
C’est un retentissement sur la vie quotidienne de celui qui en souffre, sur ses relations familiales et sociales. La douleur chronique représente une réelle maladie avec un impact physique réel mais psychique tout autant.
La prise en charge de douleurs chronique doit donc prendre en compte la douleur dans sa globalité avec ses différentes composantes. D’ailleurs, les composantes affectivo-émotionnelles et cognitivo-comportementales prennent le pas sur la composante sensorielle dans le cas de douleur chroniques.
On peut observer cette douleur selon différentes variantes :
- L’expression verbale: l’utilisation des mots/expressions imagés pour faire partager à autrui ce qu’il ressent (ex: cris, gémissements, pleurs, paroles, plaintes)
- L’expression non verbale: intonation de la voix, posture de tension, souffle suspendu, mimique grimaçante, difficulté à se déplacer, mouvements de protection, agitation ou immobilité…
- L’expression psychologique: dépression, anxiété, peur, stress, insomnie
Alors que faire lorsqu’on ressent une douleur chronique ?
La première chose est d’en découvrir la cause avec son médecin. Une maladie auto-immune par exemple, peut créer de nombreuses douleurs chroniques mais se doivent d’être diagnostiqué pour commencer à prendre en charge la problématique immunitaire et la douleur qui en est la conséquence. On trouve de nombreuses approches :
- Les traitements médicamenteux étiologiques, antalgiques, locaux (infiltrations), chirurgicaux sont les outils principaux du médecin pour les douleurs par excès de nociception.
- Les traitements neuromodulateurs comme les antiépileptiques, les anti-dépresseurs, la neurostimulation cutanée à visée antalgique, les techniques neurochirurgicales sont d’autres outils du médecin pour les douleurs neurogènes.
- Les thérapies à médiation corporelle comme l’hypnose, la relaxation, la méditation pleine conscience, la sophrologie, la psychothérapie, l’ergothérapie (adaptation du poste de travail, retour et maintien des activités sociales et du travail) permettent la prise en charge des mécanismes psychologiques et sociaux.
- Les traitements physiques comme la rééducation, l’ostéopathie, la kinésithérapie, la physiothérapie, la massothérapie, l’exercice physique sont les outils des praticiens travaillant sur les douleurs lésionnelles musculosquelettiques.
- La gestion du stress (yoga, méditation, cohérence cardiaque…), l’hydrothérapie par le froid/chaud, l’amélioration de l’hygiène de vie, l’alimentation, la phytothérapie au sens large sont les outils du naturopathe pour aborder la douleur.
La prise en charge de la douleur chronique est donc nécessairement pluridisciplinaire. Associant thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses menées de façon coordonnées et constamment réévaluées.
A ce jour, il n’existe aucun traitement miracle permettant de « guérir« la douleur chronique. Seule la l’amélioration de l’état des personnes souffrantes est possible, par une prise en charge physique, psychologique, globale, accompagnée par la médecine et les thérapies alternatives.
Delphine KUBICA, Naturopathe (N.D.)